Réinvention des corps (journées d’ateliers et de discussions, 13 et 14 avril 2018)

Les laboratoire Théories et Performances des Genres et Corps Ordonnés vous invitent aux rencontres “Réinventions des corps” qui auront lieu les 13 et 14 avril 2018 à l’ENS de Lyon et au Centre LGBTI. Lors de ces deux journées, plusieurs universitaires, artistes, écrivain.e.s, performeur.se.s organiseront des ateliers, des conférences et des performances pour  discuter de l’usage du corps comme arme de contestation et de revendication pour la réinvention des corps et des sexualités, et des façons dont les pratiques artistiques peuvent transformer les représentations sexuelles et recréer les corps.

Deux axes structureront notre réflexion collective. D’abord, la notion de réinvention de soi, de son corps, de sa sexualité, ainsi que le rapport entre les corps et les normes seront interrogés. Comment un corps socialement minorisé peut-il se réinventer par-delà toutes les normes quI s’apposent sur lui ? Le point de départ théorique de cet événement s’ancre dans l’idée selon laquelle le regard sur les corps est verrouillé, structuré par un imaginaire travaillé par les rapports de pouvoir : il y a des façons de raconter les corps des dominant.e.s et des dominé.e.s. Ces fictions, forgées par les groupes dominants, structurent le regard sur les corps. Mais le verrouillage du regard implique le déverrouillage de ce même regard. Ce sont les modalités de ce déverrouillage qui seront interrogées, avec une attention toute particulière portée sur les pratiques artistiques. Comment certaines pratiques déverrouillent-elles le regard sur les corps ? Quel rapport les artistes entretiennent-ils/elles aux normes ? Dans quelle mesure ce déverrouillage est-il un acte politique ? Quel rapport entre art et contestation politique par le corps ?

En prolongement de ce raisonnement, un second axe viendra interroger ce qu’est la subversion aujourd’hui. On constate en effet qu’une valeur économique est attribuée à la visibilité des corps minoritaires dans le cadre du marketing de la diversité, pour donner une image “inclusive” ou “transgressive” de certaines entreprises ou politiques publiques. Cette captation de la construction subjective et identitaire pour en tirer une plus-value peut être interprétée comme un mécanisme d’exploitation dans la mesure où ce n’est pas l’individu.e qui tire profit de cette forme de travail. Cela pose donc plus largement la question de la subversion, et de la fausse opposition entre reproduction des normes et subversion. Dans quelles interstices du pouvoir peut-on se glisser pour produire des subjectivités à l’abri de l’exploitation néo-libérale ? Quelles conséquences ont ces observations sur les pratiques artistiques et performatives contemporaines ?

~ Programme

Vendredi 13 avril (à l’ENS de Lyon, 15 parvis René Descartes, Lyon 7e. Salle D2 102)

9h-10h : Introduction, discussion collective.

10h-12h30 : Atelier d’écriture Phantasm #1 « SEXE/GENRE à 4 dimensions », animé par Marguerin Le Louvier, auteur queercore (Tout Corps Prend Feu, Le Mauvais Goût des Femmes et des Homosexuels…) et larron des Editions Douteuses – machine à fanzines qu’il co-anime avec Elodie Petit depuis 2014

« Il ne leur était pas possible de séparer le sexe de leurs autres conduites. Ils avaient une infinie variété de mots pour rendre la notion de masculinité et de féminité, ils avaient des mots dénotant tous les degrés et toutes les variétés de l’expérience physique, inexprimables en anglais, mais tous incluaient aussi d’autres facettes de la perception de l’univers, aucun n’enfermait ce que nous appelons « sexe » dans une petite case bien délimitée ». John Varley, Les yeux de la nuit

Écrire, faire pleuvoir les formes, bâtir des mondes.
Après avoir franchi le vortex anal de Stargate, chacun-e chaussera les lunettes d’ethnologues et d’astrologues de l’espace, afin de produire des métaphores douteuses sur nos organismes choisis, symbioses droguées, dilatées, bactériennes.
A travers différents jeux d’écriture, collectifs et individuels, il s’agira d’ouvrir ensemble des portails vers d’autres mondes, et d’engager par le biais de la science-fiction une réflexion sur les discours sexe/genre dominants.

Atelier limité à 12 personnes. Inscriptions obligatoires ici : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSeg1lrBecqwa04JxY1Q02iwVYHZZ1r7jbAEuNIE6w66I_0ZaA/viewform?usp=pp_url&entry.154318250

12h30-14h : Pause midi.

14h-17h : Clip show et atelier d’écriture « Occuporn ! Queer zoning et queer praxis : les politiques de la performance queer et transféministe contre le néolibéralisme », animée par  Sam Bourcier, auteur de la trilogie des Queer Zones et de Homo Inc.orporated, Le triangle et la licorne qui pète 

En réponse à la capture néolibérale des corps et des subjectivités LGBT se déploient les nouvelles politiques queer et transféministes : des occupations, des grèves du genre, des exorcismes, des perf qui sont autant de take back the night, the day and the streets. Que peuvent nos corps lorsqu’ils deviennent notre arme contre le biopouvoir ? Contre la réduction de nos formes de vie à du management de la population et de nos genres mis au travail ? La réponse est : beaucoup et partout. Ce corps n’est pas cartésien et s’il lutte contre les formes de dépossession néolibérale, il n’a rien à voir avec l’individualisme possessif, propriétaire, du sujet démocrate libéral à la Hobbes. Il performe plus qu’il ne demande à être représenté. Il œuvre à la grève biopolitique globale. Et nous verrons comment, en partant sur le protest porn, sur le post porn queer et transféministe dans ses manifestations publiques contre l’inc.orporation néolibérale, il nous sera possible d’ajouter ensemble des paragraphes à la déclaration d’indépendance des peuples des Twisted Lands en bonne compagnie : avec les garçons sauvages.

Limite à une trentaines de participant.e.s. Inscriptions recommandées ici :
https://goo.gl/forms/UqZdjUFEV1rkxyCC3

Samedi 14 avril (au Centre LGBTI, 19 rue des Capucins, Lyon 1er)

13h-17h : Atelier post-porn animé par Lucien Fradin, performeur et metteur en scène

« La réponse au mauvais porno n’est pas la fin du porno mais au contraire plus de porno » (Annie Sprinkle)

Pour contrer les « vérités du sexe » que produit la pornographie, Anne Sprinkle invite à s’emparer de ses outils pour proposer des points de vue divergents, et non déconnectés de nos vécus. Né dans les années 80, le post-porn questionne les représentations des sexualités, cherche à les multiplier et les diversifier. L’atelier sera axé autour de nos propres récits, pour penser et repenser à comment montrer ce qui nous excite (ou pas) dans un cadre bienveillant et collectif. Il aura lieu dans le cadre d’un groupe fermé, en posant la question d’une possible représentation à un public extérieur.

Atelier limité à 10 personnes (nombre pouvant être revu à la hausse). Inscriptions obligatoires ici : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSca1tTyUwrum4WfVa5zXgv0PKTsnI75hTSmD03I3VWk1UPG3Q/viewform?usp=pp_url&entry.807432826

Infos diverses :

  • Tous les lieux sont accessibles pour les personnes se déplaçant en fauteuil roulant.
  • L’ENS, c’est grand et on risque de s’y perdre. Vous pouvez donc nous appeler ou nous envoyer un texto quand vous êtes dans le hall d’entrée.
    Noémie : 06 74 43 09 21 (joignable par textos)
    Quentin : 06 68 01 95 42 (by all means necessary)
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